EDDY MITCHELL

AUTOBIOGRAPHIE

Retour sur lecture 

Par Stéphane Theri

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"Comme quand j'étais Claude", Texte hommage à Eddy Mitchell.

Eddy Mitchell,  photo : Rudy Waks.

Eddy, en quelques mots !

Claude Moine, dit Eddy Mitchell, est un chanteur, auteur, parolier et acteur français, né le 3 juillet 1942 dans le 9e arrondissement de Paris.

Chanteur vedette du premier groupe de rock français, Les Chaussettes Noires, il connaît le succès dès 1961. En 1962, il commence une carrière solo, durant laquelle il alterne Rock 'n' roll, ballades ou country, en s'orientant, à la fin des années 1970, vers un style plus crooner, sans toutefois tourner le dos aux musiques rock et country qu'il affectionne.

 

Sorti le 6 novembre 2024 aux éditions Le Cherche Midi, l'autobiographie du chanteur n'est pas son 1er ouvrage. Avant ce dernier , il avait également écrit : 

"P'tit Claude", roman paru aux Éditions Arbre à cames (1994),  livre réédité en novembre 2022 chez Dargaud, dans une version illustrée par Ralph Meyer, sous le titre Des Lilas à Belleville.

"Il faut rentrer maintenant", mémoires, livre coécrit avec Didier Varrod aux Éditions de La Martinière (2012).

"Le dictionnaire de ma vie", aux Éditions Kero (2020).

Préambule 

Je dois préciser que ce livre m'a été offert à Noël par Julie, ma belle fille. Je crois que son choix ne fut pas un pur fruit du hasard mais la suite logique d'une série incommensurable d'interprétations en duo de deux titres  d'Eddy connus par coeur et donc chantés par Clara, ma fille de bientôt 12 ans ( je dois arrêter de dire onze sinon, je me fais engueuler) et moi-même, à savoir :

"Sur la route de Menphis" & "Il ne rentre pas ce soir". Je ne souhaite pas massacrer cet article par l'une de nos vidéos. Je vais donc juste me contenter de vous raconter cette lecture et ce qui me lie à l'artiste. 

Sur la route

de Menphis

Il ne rentre pas

ce soir

Avant propos !

 

Tout d'abord, je dois reconnaitre que mon emploi du temps jusqu'au début février ne m'avait pas trop laissé de temps pour me poser et lire. Je passais tous les jours devant ce livre que je souhaitais réellement lire, je le triturais un peu, sans pouvoir le faire et ce, en râlant sur mes journées trop courtes pour tout ce que j'avais à faire. Puis, je me suis levé aux aurores le 12 février et j'ai littéralement bouffé le livre comme on se tape un sandwich, lorsque l'on est affamé. J'ai, je dois l'avouer, embarqué pour une virée de quelques heures dans le fil de vie d'Eddy Mitchell mais également dans le mien. 

 

 À vrai dire, j'ai commencé à écouter Eddy Mitchell avec Franck, mon frère aîné et l'album culte des Chaussettes noires. Je ne devais pas être né lors de sa sortie mais, aussi loin que je puisse me souvenir,  mon frère et sa chaine hifi nous faisaient partager, à moi, à mon tympan et à toute la fraterie, sa passion pour le rock, pour Gene Vincent, Eddie Cochran, Bill Haley, Little Richard , Johnny Hallyday, Alvin Stardust et bien d'autres grands noms encore (je ne vais pas tous les citer !). Les albums vinyle (33 tours et 45 tours) d' Eddy Mitchell n'étaient pas en reste et venaient assez régulièrement fracasser les oreilles de maman et de tous les frangins. Si le pays d'Alice n'existait plus, mon frère gardait, comme Eddy,  sa foi dans le rock and roll, sa bannane , son blouson de cuir et son Teddy. De mon coté, j'emmagasinais, malgré moi, les paroles des chansons et les albums d'Eddy Mitchell, sans réellement les écouter. C'est beaucoup plus tard, en 1980, qu'Eddy Mitchell est, non pas venu me fracturer les tympans, mais plutôt m'aspirer avec l''album Happy Birthday son vingt-et-unième album studio. Ensuite, j'ai jamais décroché.  Je ne suis pas ce genre de fan prêt à tout abandonner pour son idole, m'arracher les cheveux ou encore hurler devant sa star de coeur mais quand j'aime, comme dirait l'autre, je ne compte pas. J'ai donc acheté tout ce que je pouvais acheter au format DVD et j'ai écouté en boucle des dizaines de titres jusqu'à les connaitre par coeur. Certaines de ses chansons résonnent d'une façon particulière ( M'man, Le cimetière des éléphants, Comme quand j'étaie môme, Y’a rien qui remplace un amour, Nasvhille ou Belleville, Il ne rentre pas ce soir) et semblent s'inscrire dans mon fil de vie et certaines de mes aventures de vie. J'ai, je dois le reconnaître, un gros regret, celui d'avoir manqué l'un de ses concerts parisiens. C'est mon frère cadet qui m'avait cette fois-ci offert la place de concert. Coincé des heures dans les embouteillages, je n'ai pas pu me rendre à Bercy. C'était en 1997, j''avais trente-quatre ans, la vie était belle et Eddy chantait "Ça fait désordre" issu de son album M. Eddy sorti en 1996. Les années se sont écoulées, les playlistes sont arrivées et fatalement, les titres d'Eddy les ont agrémenté.

 

Retour sur lecture

 

 

De Claude à Eddy !

 

C'est à la onzième page qu'Eddy m'a emporté. Après avoir posé sa date de naissance, son cercle famillial, le milieu modeste dans lequel il évoluait et cette France démunie et déjà oubliée des politiques qu'il voyait avec ses yeux d'enfant (juste derrière les fortifs). Il a posé assez vite le rythme de son autobiographie et il n'en a pas changé, jusqu'à la dernière page. J'en profite pour dire que cet exercice n'est jamais facile pour un auteur et que, parfois, les changements de rythme tuent un livre et génèrent tant de dissonances que le lecteur s'enfuie. Mais, il y a plus encore. Ce que le chanteur, parolier et auteur (même si sur ce dernier mot, sa modestie l'emporte sur la qualité de son écriture) réussi à faire, c'est de dévoiler simultanément son fil de vie, sa culture musicale mais surtout son caractère et sa personnalité, sans fioritures et sans ambage. Ce livre ressemble à ses chansons. Il raconte une histoire, son histoire, des petites histoires dans la sienne mais toujours sans fla-fla. Cette autobiographie, cache un énorme travail pour ne pas être indigeste mais fluide. Bien évidemment, Eddy Mitchell se livre mais juste ce qu'il faut. Il sait mettre également en avant ce qu'il a obtenu des uns et des autres avec beaucoup d'honnêteté comme par exemple son nom de scène. 

 

Quand Eddy franchi le mur du son...

 

On apprend  très vite et beaucoup sur les musiciens qui ont traversé ses albums, les acteurs de sa vie professionnelle et privée mais également sur sa quête de perfection. Au détour d'une page, avec une simplicité et un naturel implacable, il nous apprend qu'il a croisé des légendes de la musique telles que l'unique Otis Redding, mort dans un accident d'avion à seulement 26 ans, des légendes du cinéma et joué avec de très grands guitaristes. Jamais avare sur les compliments pour les autres, il l'est aussi prolifique sur tout ce qu'il n'aime pas, avec, cependant, beaucoup de pragmatisme. Fidèle en amitié, il nous livre quelques moments forts de sa vie comme sa virée au USA avec le photographe Jean-Marie Perrier, sa complicité avec Guy Marchand, jacques Dutronc ou encore cette amitié plus connue avec Johnny sur laquelle il ne peut s'empêcher de s'attarder et dévoiler un amour sincère et fraternel. Il y a, comme dans ses chansons de crowner, un coeur chez Eddy. Quand il ouvre ce dernier, il ne fait pas semblant. Enfin, il nous parle de sa quête technique, de ce qu'il a cherché et trouvé à Londres ou aux USA et tout ce qu'il ne trouvait pas dans les studios français de son début de carrière. En pensant à toutes ses petites révélations et en réécoutant certains albums, on sait qu'àprès plusieurs recherches infructueuses, il a trouvé le son, la qualité d'enregistrement qu'il charchait. Il a su trouvé les musiciens qui collaient avec son niveau d'exigence et la liste des virtuoses présentés dans l'ouvrage peut donner le vertige. L'artisan de la chanson,  Eddy Mitchell, a su trouver les bons outils et les bons partenaires. Se trouve peut-être là, deux clés essentielles à son succès, clés qui viennent s'ajouter à son talent de parolier et à son timbre de voix singulier. 

 

D'Eddy à Claude !

 

Si Chmoll et Eddy ont partiellement caché Claude, ce dernier à toujours été présent. Il est même bien ancré dans tous les mots qu'Eddy a pu griffoner sur ses brouillons ou encore graver sur Vinyls ou CD. Chaque ligne de ce livre en témoigne. Claude Moine, alias Eddy Mitchell a bien bourlingué, a touché à ses passions, s'est abandonné à certains excès (jeu, alcool, tabac), mais il a surtout prouvé qu'il pouvait transformer ses rêves en réalité. Il a su toucher le coeur des gens et réussir beaucoup d'autres aventures artisitiques sans jamais se perdre. La croisée des vaches maigres, quelques ratés, des divergences de vue ne l'ont pas écarté de la voie qu'il avait décidé de suivre, celle d'un rockeur à l'esprit libre, attaché à des valeurs qui se perdent aujourd'hui telles que la ponctualité, la sincérité, le partage du mérite, la famille qu'il a su préserver et tenir à l'écart d'une presse people souvent nauséabonde. Le livre d'Eddy, personne ne pouvait l'écrire mieux que lui, plus simplement que lui et plus honnêtement que lui. De ses première séances du cinéma de son enfance, en passant par sa chanson et son émission TV "La dernière séance", l'enfant Claude n'a cessé de marcher vers le cimétière des éléphants en suivant, pas très loin du Rio Grandé,  la route des géants. J'ai retrouvé dans son livre la même force que dans "Le fils du chiffonnier" de Kirk Douglas. Même si avec une légère amertume, Eddy a poussé Claude à déplacer Noël à Paques, il est, j'en suis certain un homme de coeur et par conséquent et forcément, un bon papa et un grand-père qui a plus d'une anecdote extraordinaire à raconter  à ses petits enfants. Le rêve américain l'a aidé dans sa quête. Les grands espaces l'ont quant à eux, livré le meilleur de l'Amérique. Le ciel peut bien attendre  avant d'envoyer sur ce "BONHOMME" un coup de torchon. Le bonheur est à présent dans le pré, à contempler ce que la jeunesse ne sait presque jamais regarder et a mesurer la distance parcourue et tout ce qu'elle recèle de trésors.

Merci, Monsieur Eddy !

Merci Schmoll !

Bravo Claude !!!

 

Stéphane Theri

 

Un petit peu d'amour

(vidéo officielle)